Dents de sagesse, extraire ou conserver ?
A chaque fois que l’on évoque les dents de sagesse, on pense immédiatement extraction systématique et souffrance. Est vraiment toujours le cas ? Et peut-on les conserver ? Les dents de sagesse, troisièmes molaires, arrivent les dernières dans la bouche et prennent la place qui reste… s’il reste de la place. Elles apparaissent entre 16 et 25 ans , des fois beaucoup plus tardivement. La mâchoire inférieure est la structure osseuse qui termine sa croissance le plus tardivement de tout le corps : 18 ans chez les filles, 21 ans chez les garçons. Malgré cela, l’alimentation molle (purées, yaourts, pain de mie,…) et la faible mastication qui en découle, nuisent au bon développement génétiquement programmé. Comme elles sortent les dernières (ou essaient de sortir…) les dents de sagesse payent un lourd tribu. Sans place suffisante, elles sont malheureusement souvent extraites, sous anesthésie locale ou générale.
Comment savoir si il faut les garder ou pas ?
Parler des dents de sagesse n’est pas forcément synonyme d’extraction. C’est l’analyse des conséquences de toutes les situations intermédiaires entre leur sortie complète et le blocage total dans l’os qui va déterminer l’avenir des dents de sagesse. Sauf à jouer la sécurité, il est rare de pouvoir se faire un avis précis avant 15 ans, la croissance n’étant pas achevée.
Si elles commencent à sortir, s’immobilisent et provoquent régulièrement des inflammations (péricoronarite) voire des infections, si elles sont volumineuses dans une petite bouche, si elles vont avec certitude désorganiser l’alignement des arcades obtenu par un chouette traitement orthodontique, si elles se carient rapidement car difficilement accessibles au brossage, elles sont bonnes pour le davier ! dent de sagesse opposée n’a aucune chance de sortie ou est absente, alors oui, il faut les extraire.
Si elles sont complètement bloquées dans l’os des mâchoires mais silencieuses, si elles sont en bonne voie de mise en place, si elles sont de petit volume, si les premières molaires ont été précocement extraites créant ainsi de la place, alors oui, il faut les garder !
Comment se déroule leur extraction ?
Lorsque leur arrachage est déclaré indispensable, l’intervention est programmée le plus souvent sous anesthésie générale quand elles sont encore incluses dans l’os, à l’état de germe, c’est-à-dire sans racine formée. Elles sont alors toutes retirées en une seule fois. Les suites ne sont pas forcément très douloureuses, mais la tête de hamster est assurée ! Si elles sont déjà sorties sur l’arcade, une anesthésie locale peut suffire.
Quels conseils post-opératoires peut-on donner ?
Une fois la dent extraite, un caillot de sang va se former en remplacement de la racine, processus de cicatrisation facilité par une suture ou une compresse sur laquelle il faut mordre pendant 15-20 minutes. Surtout pas plus ! Sinon le caillot va coller à la compresse et partira avec celle-ci quand elle sera retirée de la bouche. C’est l’alvéolite assurée, sèche ou suppurée, et la douleur est intense pendant plusieurs jours. C’est une urgence qui nécessite la ré-intervention du dentiste. Ceux qui ont vécu cet épisode s’en souviennent longtemps…
Les suites opératoires dépendent aussi de la facilité ou non avec laquelle le praticien a retiré la dent. Une molaire avec de solides racines, qui se cassent, qui fait blanchir le patient et transpirer le chirurgien, qui cédera au bout d’un temps interminable, va certainement faire passer une soirée assez moyenne à l’ex-propriétaire de la dent ! En règle générale, une médication antalgique simple et éventuellement une poche froide sur la joue suffisent pour que tout rentre dans l’ordre. Il ne faut rien avaler de très chaud ou de très froid. Les bains de bouche seront très doux pendant 48 heures pour protéger le fameux caillot ! Le tabac faisant très mauvais ménage avec la bonne cicatrisation de la gencive (et avec tout d’ailleurs!), il est donc vivement recommandé de ne pas fumer durant les soixante années qui suivent !
Souffrir n’est pas une certitude !
Après l’âge de raison au septième anniversaire, puis l’âge bête et l’âge ingrat, on ressert une phrase toute faite à nos jeunes : il faut « souffrir pour devenir un adulte », parce que ses dents de sagesse se mettent en place et lui déchirent la gencive, parce qu’il n’est plus un adolescent écervelé mais bien maintenant un être sage et réfléchi, qui fait son entrée dans le grand monde! Alors non, souffrir n’est pas une fatalité et chacun est un cas particulier.
Autre bonne nouvelle : la sagesse ne disparaît pas avec les dents !